« J’aimerais etre lu tant que la langue vivra »
De nombreuses mots de « bonne compagnie » nous ont deja quitte. Pourtant, ils seront encore amis de nous (on les deniche meme au sein des dictionnaires recents), mais pour combien de moment ?
Seraient-ils devenus obsoletes, franchement inutiles comme le laisserait penser une vision instrumentaliste du langage contre laquelle je me suis i chaque fois eleve depuis mes debuts en poesie ?
Pourquoi ne dit-on plus que « le temps s’abeausit » ?Ou bien : « Plus loin, dans l’azurement bleuatre du lointain » ?
Ces mots ont-ils ete delaisses via negligence, par desinvolture ? Cela reste vrai qu’en matiere de langue, le desir s’accommode en gali?re en fidelite. Ces mots perdus (ou presque) delaisses legerement tel « une vieille maitresse », curieusement, c’est di?s qu’ils designent des « realites disparues », souvent sans raisons apparentes, que des fragments de lexique desertent ainsi les livres et Notre parole. Mais devons-nous ne plus nous servir de ces mots qui condensent en eux toute la sensualite d’la langue ? Certes, il y a des mots qui pesent et d’autres qui paraissent plus lisses, rugueux, musicaux ou sonores, dans qui se laisse imagine une « francite » phonetique attachante. Ils nous seduisent avec les illuminations du sens, d’une logique. Le « Littre du XXIeme siecle » ne des as pas oublies, dans sa quete a la rehabilitation une nuance, afin de ne point en interpreter un usage flou. Ces eclats de langage » (des lambeaux de pourpre) comme dit le Littre en reference a Homere, permettront de mieux voir la phrase tout en induisant le desir d’ecriture.
Gardons-nous de repousser, avec mepris, un terme inaccoutume a des oreilles et, Afin de se guerir de ce dedain precipite ou l’on range Divers mots parmi les termes tombes en desuetude, vous devez se representer que tous de nous, meme ceux dont la lecture est le plus etendue, ne possede pas qu’une portion en langue effective.
Comme disait Emile Littre : « Une langue se gaspille qui, sans raison, perd des mots bien faits et de bon aloi. » Une histoire du sonnet de langue francaise recouperait a minimum pres celle d’une poesie (en laissant, cependant, de cote quelques grands refractaires tel Victor Hugo). Impose avec une longue tradition, il est devenu la forme fice “naturelle” en langue francaise, comme l’alexandrin en est le vers par excellence.
. ORIGINE, REGLES ET POSTERITE.
« Un sonnet sans defaut vaut seul 1 long poeme » affirmait Boileau, lui qui a statufie le sonnet tel le genre-roi d’une poesie francaise. Le sonnet, outre la chute, possede souvent une charniere, un tournant – que nos Italiens appelaient VOLTA – entre des quatrains et les tercets. Les sonnets qui paraissent batis via une progression constante n’ont nullement en principe de charniere.
J’ai charniere vue par deux poetes :
A propos du Sonnet, mediter avec grand soin les observations suivantes : 1° J’ai forme du Sonnet est magnifique, prodigieusement belle – et cependant infirme en quelque sorte ; car les tercets, qui a eux forment six vers, etant de la part physiquement plus courts que nos quatrains, qui a eux deux forment dix vers -, et d’autre part semblant infiniment plus courts que des quatrains – a cause de votre que celui-ci y a d’allegre ainsi que rapide au tercet et de pompeux ainsi que lent dans le quatrain; – le Sonnet ressemble a une figure dont le buste pourrait i?tre trop long et les jambes trop greles et trop courtes. Je dis ressemble, ainsi, je vais au-dela de ma pensee. Il faut penser que le Sonnet ressemblerait a une telle figure, si l’artifice du poete n’y mettait bon ordre. L’artifice devra donc consister a grandir nos tercets, a leur donner d’la pompe, de l’ampleur, d’la force et de la magnificence. Mais ici il s’agit d’executer votre grandissement sans rien oter a toutes les tercets de leur legerete et leur rapidite essentielles.
De une telle pensee musicalement prisonniere on s’evadera, au sein des tercets, en renoncant a ce jeu Afin de des rimes nouvelles : et c’est ici la beaute severe des deux vers rimant qui se suivent immediatement, Afin de laisser le troisieme dans sa rime impaire demeuree en l’air, sans reponse jusqu’a la fin du sonnet, comme une musique errante. Car le tercet, au contraire du quatrain ferme, verrouille dans ses rimes, parait rester ouvert, amorcant le reve. Et lui repond, semblable, le second tercet. C’est ainsi, au corset etroit des quatrains dont la rime est au depart donnee, que s’oppose une telle evasion de l’atmosphi?re, votre liberte raisonnable du reve, des tercets.
Ces vers musicaux seront si purs, Indeniablement, par un perfection formelle, qu’ils sont souvent copains d’un bonheur de lecture absolu. Son soir par appele « la pointe » devra etre particulierement dense pour clore le poeme. Il obeit a des contraintes rigoureuses de versification, ainsi, peut etre ecrit aussi bien en vers varies (alexandrins, octosyllabes, etc.), mais le meme metre, autrement dit la mesure donnee par le nombre de syllabes prononcees dans le vers, doit etre conserve au schema entier du poeme. Il va i?tre structure en fonction de la nature du par, avec cesures, coupes, effets rythmiques lies a l’accent et a toutes les recurrences phoniques. Notre sonnet datingmentor.org/fr/nobody-review vient de l’italien « sonneto (diminutif de « suono ») qui signifie « petit son ». A ses debuts le sonnet est uniquement chante ou recite avec un accompagnement musical. Il n’avait aussi qu’un seul concept : l’amour allegorique et mythique. Cela reste ne d’une serie d’experimentations faites par des poetes italiens sous l’influence de diverses genres litteraires : le « lais » et la « canzoni » des tourbadours et des trouveres, le « qasida » et le “ghasel” des poetes du Proche-Orient, la poesie scaldique des Vikings, le « motet » et l’hymne des moines, le « tenzoni » des Italiens. En general, le sonnet devra developper, au sein des deux quatrains, une meme initiative ; tandis que nos deux tercets forment un « contraire » et un « parallele ».